Sophrone de Jérusalem

Sophrone de Jérusalem
Image illustrative de l’article Sophrone de Jérusalem
moine, théologien et Patriarche de Jérusalem
Naissance v. 560
Damas
Décès  
Jérusalem
Vénéré par Église catholique, Église orthodoxe
Fête
modifier Consultez la documentation du modèle

Sophrone de Jérusalem (ou en grec Σωφρόνιος / Sophronios), dit Sophrone le Sophiste, né à Damas vers 560, fut patriarche de Jérusalem de 634 jusqu'à sa mort le à Jérusalem (ou éventuellement 639 à Alexandrie, les historiens sont partagés). Avant d'être consacré patriarche, il était un moine et un théologien, ardent défenseur de l'orthodoxie telle qu'elle avait été définie au concile de Chalcédoine lors de la controverse dogmatique sur la nature essentielle de Jésus et de ses actes délibérés. Peu de temps avant sa mort, il avait obtenu du calife Omar qu'il rentre dans la cité sainte en pèlerin et non en conquérant.

Sophrone a laissé de nombreux textes liturgiques, des homélies des textes théologiques, hagiographiques et poétiques.

Il est fêté le 11 mars chez les catholiques[1], comme chez les orthodoxes[2].

Biographie

Doué de talents poétiques, Sophrone fait de brillantes études et devient sophiste (professeur de rhétorique). Il accomplit le pèlerinage en Terre sainte dans le but de vénérer les Lieux saints et de s'entretenir avec des ascètes vivant dans les monastères et dans les déserts. Il se rend en Judée dans le monastère de saint Théodose où il rencontre son père spirituel et aîné Jean Moschus, un moine syrien comme lui, qui lui dédicace le Pré spirituel (en grec : Leimõn ho Leimõnon). Ils seront amis une quarantaine d'années. Ensemble, ils s'opposent à la doctrine du monothélisme défendue par l’empereur Héraclius, et prennent le parti des apôtres de Chalcédoine. Sophrone écrit une anthologie des écrits des Pères du Désert, aujourd'hui disparue.

En 578, les deux hommes se rendent à Alexandrie pour y compléter leur formation philosophique et pour y rencontrer de saints ascètes. Ils visitent de nombreux monastères, et, entre 578 et 584, arrivent en Égypte. Sophrone devient le disciple d'Étienne d'Alexandrie et l’ami de Théodore le Philosophe. Sophrone, alors touché par une maladie des yeux, est guéri par l'intercession des saints anargyres, Cyr et Jean (fêtés le 31 janvier).

Un des pieux vieillards rencontrés en Égypte leur dit un jour : « Fuyez, mes enfants, parce que le temps approche ! Habitez dans une cellule, où vous voudrez, vivez dans la sobriété et dans l’hésychia, en priant sans cesse ; et j'ai l'espoir que Dieu vous enverra sa connaissance pour illuminer vos esprits… » Sophrone décide alors de renoncer au monde, il rentre et prend l'habit monastique au monastère de saint Théodose. Au même moment, Jean Moschus visite les monastères du Sinaï, de Cilicie et de Syrie.

Plus tard, accompagné de son ami chroniqueur, Sophrone voyage à travers l’Asie Mineure, l’Égypte et l’Afrique du Nord, cherchant à convertir les différentes communautés monophysites qui y vivent. Il se rend également en pèlerinage à Rome en 620, où son compagnon Moschus meurt. À cette époque, Sophrone craignant que le pape Honorius ne soit tenté de prendre une position neutre et dangereuse pour la doctrine catholique, il lui envoie Étienne de Dora. Au même moment, en 634, il succède à Modeste en qualité de nouveau patriarche de Jérusalem, quelques années après les destructions et les massacres perpétrés par les Perses.

En 636 Témoin de la prise de Jérusalem par les troupes du calife Omar en 637, il tient un rôle important dans l’établissement du traité de paix avec les vainqueurs notamment en négociant un statut de dhimmi pour les populations chrétiennes. Il réussit aussi à réduire le nombre de familles juives autorisées par le calife Omar à revenir vivre à Jérusalem et dont elles étaient interdites depuis 135 ans.

Selon une autre version, il serait mort à Alexandrie.

Œuvres

Sophrone a laissé de nombreux textes liturgiques, des homélies, des textes théologiques, hagiographiques (notamment la vie de sainte Marie l'Égyptienne[3]) et poétiques. Dans les Poèmes anacréontiques[4], notamment les no 19 et 20, il traduit les sentiments que lui inspire Jérusalem lors de l’un de ses nombreux périples. À travers ses poésies, on peut suivre en filigrane les circuits des lieux les plus sacrés de Jérusalem à la fin du VIe siècle, âge d’or de la chrétienté en Terre sainte.

Son œuvre est surtout hagiographique et homilétique. Elle compte 23 Odes anacréontiques sur des fêtes liturgiques ; 5 Épigrammes (dont certaines sont mises en doute) ; des textes liturgiques, comme la bénédiction de l'eau lors de la fête de l'Épiphanie ; un Enkomion ou Éloge des saints Kyros et Jean et une biographie de son ami Eleemon.

Prières

Tropaire des Heures du Vendredi saint :

  • « Ô mon peuple, que t'ai-je fait ou en quoi t'ai-je contristé ? J'ai rendu la lumière aux aveugles, j'ai purifié les lépreux, j'ai relevé l'homme qui était sur sa couche. Ô mon peuple, en quoi t'ai-je attristé et que m'as-tu accordé en retour ? Pour la manne, tu m’as donné du fiel, pour l'eau, du vinaigre. Pour mon amour, tu m'as cloué à la Croix ».

Prière à saint-Michel archange « Ô Saint Michel, Prince trois fois Saint de la milice sacrée » :

  • « Ô Saint Michel, Prince trois fois Saint de la milice sacrée, chargé par Dieu d'organiser et conduire les phalanges angéliques, très digne de tout culte, de toute louange et de tout éloge : éclairez mes sens intérieurs, fortifiez mon pauvre cœur agité par les tempêtes de cette vie, élevez vers les hauteurs de la céleste Sagesse mon esprit, incliné vers les choses de la terre ; affermissez mes pas chancelants et ne permettez pas que j'abandonne le sentier qui conduit aux Cieux ; guérissez les plaies de mon âme ; faites disparaître la trace de toutes les souffrances qu'engendrent en moi mes misères et mes malheurs. Ainsi soit-il. »

Notes et références

  1. Saint Sophrone de Jérusalem sur Nominis
  2. Saints pour le 11 mars du calendrier ecclésiastique orthodoxe
  3. « Saint Jean Damascene cite un long extrait de la vie de sainte Marie l'Égyptienne dans un discours sur les Images, sans indiquer l'auteur. On l'attribue généralement de nos jours à saint Sophrone », dans Frédéric Delmas, « Remarques sur la vie de Sainte Marie l’Égyptienne », in Revue des études byzantines, 1900, 4-1 pp. 35-42.
  4. (es) Arfuch, Diego E., « Los poemas anacreónticos para la anunciación y la natividad de San Sofronio de Jerusalén : aspectos literarios y teológicos », Studia monastica, vol. 56, no 2,‎ , p. 221-255. (ISSN 0039-3258)

Voir aussi

Bibliographie

  • (la) Clavis Patrum Græcorum 7635-7681.
  • (en) Cameron, Alan, "The Epigrams of Sophronius" (in) The Classical Quaterly, vo. 33. no. 1, 1983, pp. 284-292.
  • (de) Donner, Herbert, "Die anakreontischen Gedichte Nr. 19 und Nr. 20 des Patriarchen Sophronios von Jerusalem". Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-historische Klasse, Heidelberg, 1981. (ISBN 978-3-533-03093-5).
  • Schönborn, Christoph, Sophrone de Jérusalem, Vie monastique et confession dogmatique, Paris, Beauchesne, 1972.
  • Alfred-Louis de Prémare, Les Fondations de l’islam. Entre écriture et histoire, Le Seuil, 2002, pp. 153-155, 409-411.
  • (es) Arfuch, Diego E., "Confesar a Cristo, San Sofronio patriarca de Jerusalén y el debate monoenergista en la Epístola Sinodal", dans "Estudios trinitarios", 2014, vol. 48, n. 1.2, p. 161-233; 2a pars , 48, n 3, p. 479-548.

Articles connexes

Liens externes

  • Prière de Saint Sophrone de Jérusalem - Site-Catholique.fr
  • Élégie sur la prise de Jérusalem par les Perses, en 614.
  • Le Pré Spirituel de Jean Moschus [1]
  • (en) Liste des patriarches de Jérusalem, G-Catholic.org

  • Ressource relative à la religionVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Dictionnaire de spiritualité
  • Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistesVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Britannica
    • Deutsche Biographie
    • Enciclopedia italiana
    • Enciclopedia De Agostini
    • Gran Enciclopèdia Catalana
    • Universalis
  • Notices d'autoritéVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • VIAF
    • ISNI
    • BnF (données)
    • IdRef
    • LCCN
    • GND
    • Espagne
    • Belgique
    • Pays-Bas
    • Pologne
    • Israël
    • NUKAT
    • Catalogne
    • Suède
    • Vatican
    • Australie
    • Norvège
    • Tchéquie
    • WorldCat
Voir ce modèle.
Sophrone de Jérusalem
Précédé par Suivi par
Modeste Ier
Patriarche orthodoxe de Jérusalem
?
v · m
IerIVe siècle
  • Jacques Ier
  • Siméon Ier
  • Justus Ier
  • Zacchée
  • Tobias
  • Benjamin
  • Jean Ier
  • Matthias
  • Philippe
  • Sénèque
  • Justus II
  • Lévi
  • Éphrem Ier
  • Joseph Ier
  • Judas
  • Marc Ier
  • Cassien
  • Publius
  • Maxime Ier
  • Julien Ier
  • Caïus Ier
  • Symmaque
  • Caïus II
  • Julien II
  • Capiton
  • Maxime II
  • Antonin
  • Valens
  • Dolichien
  • Narcisse
  • Dius
  • Germanion
  • Gordius
  • Alexandre
  • Mazabane
  • Iménée
  • Zamudas
  • Hermon
  • Macaire Ier
  • Maxime III
  • Cyrille Ier
  • Jean II
VeVIIIe siècle
IXeXIIe siècle
  • Thomas Ier
  • Basile
  • Jean VI
  • Serge Ier
  • Salomon
  • Théodose
  • Élie III
  • Serge II
  • Léonce Ier
  • Athanase Ier
  • Christodule Ier
  • Agathon
  • Jean VII
  • Christodule II
  • Thomas II
  • Joseph II
  • Oreste
  • Théophile Ier
  • Nicéphore Ier
  • Joannice
  • Sophrone II
  • Euthème Ier
  • Siméon II
  • Savvas
  • Jean VIII
  • Nicolas
  • Jean IX
  • Nicéphore II
  • Léonce II
  • Dosithée Ier
  • Marc II
XIIIeXVIe siècle
  • Euthème II
  • Athanase II
  • Sophrone III
  • Grégoire Ier
  • Thaddée
  • Athanase III
  • Grégoire II
  • Lazare
  • Arsène
  • Dorothée Ier
  • Théophile II
  • Théophane Ier
  • Joachim
  • Théophane II
  • Athanase IV
  • Jacques II
  • Abraham
  • Grégoire III
  • Marc III
  • Dorothée II
  • Germain
  • Sophrone IV
Depuis le
XVIIe siècle
  • icône décorative Portail du christianisme
  • icône décorative Portail du monde byzantin
  • icône décorative Portail des chrétiens d’Orient
  • icône décorative Portail de la littérature
  • icône décorative Portail de la théologie
  • icône décorative Portail du haut Moyen Âge